Réunion du 20/10/2009

 

La catastrophe des Trois-Ponts

 

 

Le 4 septembre 1919 vers 22 h 45 une véritable catastrophe a eu lieu sur la ligne Bordeaux-Toulouse, entre Castelnau-d'Estrètefonds et Saint-Jory, et à peu près à égale distance de ces deux gares au lieu-dit : Les trois ponts. Le train express de Bordeaux à Sète, a tamponné le train express Paris-Toulouse alors que ce dernier était en panne en pleine campagne.

Entre Montauban et Toulouse on sait que ces deux trains empruntent la même voie. Le Paris-Toulouse doit y passer le premier. Le Bordeaux-Sète y passe environ une heure après en pleine vitesse.

Ce 4 septembre le Paris-Toulouse avait du retard et l'autre n'en avait pas. Les raisons ne sont pas encore éclaircies pour lesquelles le Paris-Toulouse était en panne en pleine voie. Il y était. Le train de Bordeaux est arrivé sur lui par derrière et a littéralement bondi dessus, le bousculant, broyant les dernières voitures et se cabrant lui-même devant l'obstacle. Le train de Paris avait-il allumé les feux ? Celui de Bordeaux ne les a-t-il pas vu, ou les a-t-il vu trop tard ? Ou bien ces feux électriques n’ont-ils pas fonctionné comme il arrive souvent ?

Le train tamponneur est sorti de la voie, a envahi ses abords, brisant plusieurs poteaux télégraphiques, et de ce fait interrompant les communications téléphoniques.

Le train tamponneur marchait à une vitesse de 65-70 kilomètres à l'heure lorsqu'il a abordé le train tamponné, et les victimes se trouvent dans les deux trains.

La catastrophe est effroyable. Loin de tout secours, en pleine nuit, gît parmi plus de 20 wagons détruits, dont quelques-uns émiettés, un nombre de morts difficile à recenser dans la nuit, (mais que la communication officielle déclare considérable) et une quarantaine de blessés lourds.

 

La gare Matabiau avisée, a aussitôt organisé les secours. La Croix-Rouge et ses ambulances sont parties avec célérité. L'hôpital a été avisé qu'avant le jour il recevrait une quarantaine de blessés au minimum.

Enfin un puissant train de secours est parti vers 2 h 15 sur les lieux emportant les brancardiers militaires et, MM. Lasserre, le nouveau commissaire de surveillance à Toulouse, et le capitaine Séguier, tous deux organisateurs des mesures de premier secours.

 

Les morts et les blessés les plus graves se trouvaient tous dans le train tamponné, le Paris-Toulouse, dont les derniers wagons étaient composés uniquement de 1re et 2ème classes, ce qui explique le relatif « petit nombre » de victimes. En effet, on peut penser que si les wagons tamponnés avaient été de 3ème classe, transportant habituellement beaucoup plus de voyageurs, le nombre des victimes eût été considérablement plus important.

De nombreux blessés légers ont été soignés sur place et ont pu rejoindre directement leur domicile.

 

La foule, respectueuse et émue à la fois, est maintenue par un cordon de troupes amenées en toute hâte de Toulouse. On s’empresse autour des victimes qui ont cessé de vivre. Elles sont terriblement écrasées, et bien peu sont encore reconnaissables. Il y a là treize malheureux surpris par une mort inexorable et qui, sans nul doute, se préparaient à quitter le train, pensant arriver à Toulouse dans quelques minutes. Toutes ont été identifiées, sauf une. Trois autres personnes sont mortes à l’hôtel-Dieu, ce qui porte le nombre des morts à 16.

 

Peut-être ces issues fatales auraient-t-elles pu être évitées si les secours avaient été immédiats. Ici, comme sur le champ de bataille, certains mourront faute d’un pansement sommaire arrêtant les hémorragies et les épuisements. Mais nul ne peut-être incriminé. Les secours de Toulouse sont arrivés aussi vite qu’ils pouvaient et les secours du petit village de Saint-Jory ne pouvaient être fort efficaces, bien qu’ils aient été prodigués par toute la population avec une hâte et une unanimité touchante.

Mais ils étaient forcément rudimentaires, tant et si bien qu’au petit jour, à peu près tout restait à faire et le spectacle était lamentable

 

A l’hôpital de Toulouse, les autos et ambulances ont déversé des blessés toute la matinée

à partir de 3 heures du matin.

Déjà se trouvaient à leur poste MM. les Chirurgiens Martin, Ducuing, Tourneur et Mériel,

assistés des internes Tapie, Boularand, Lefèvre.

Ils eurent à intervenir auprès de quarante personnes suffisamment blessées pour que leur état nécessite une intervention chirurgicale ou des soins hospitaliers importants.

 

 

Les cercueils des personnes décédées furent déposés dans la chapelle de l’hôtel-Dieu transformée en chapelle ardente.

 

Parmi les victimes décédées on note la présence de Antonin Jougla, 63 ans, industriel à Grenade, reconnu dès le matin, par Messieurs Catenac, notaire à Castelnau-d’Estrètefonds, et Maraval, commis-greffier, et qui a été mis en bière en présence de sa femme.

Le cadavre de M. Jougla a été transporté directement à son domicile rue Alsace, au-dessus de l’ancien hôtel Tivollier, où il restera jusqu’au mardi 9 septembre, jour où il sera embarqué à 10 h du matin pour Grenade, car c’est dans cette commune qu’il sera inhumé.

 

 

 

 

Références : Le Cri de Toulouse

                     Le Midi Socialiste

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avis de décès JOUGLA

 

Madame JOUGLA, née SARREBEYROUGE ; Mademoiselle Andrée JOUGLA ; Monsieur Camille JOUGLA, sous-lieutenant au 116e régiment d’artillerie lourde ; Madame DEPERRES de PONTAULT, née JOUGLA ; Monsieur DEPERRES de PONTAULT ; Madame Guillaume JOUGLA ; Monsieur et Madame Andrée JOUGLA et leur famille ; Monsieur et Madame Xavier RICHARD et les familles BARCOUDA, UCAY, PATERAC, BURTIN, JOUVES, GARDES et PONT ont la douleur de faire part à leurs amis et connaissances de la perte cruelle qu’elles viennent d’éprouver en la personne de

Monsieur Antonin JOUGLA

Industriel à Grenade

leur époux, père, frère, beau-frère, oncle et allié, décédé à Saint-Jory le 4 septembre 1919 et les prient de bien vouloir assister à ses obsèques qui auront lieu à Grenade-sur-Garonne le mardi 9 septembre 1919, à 10 h du matin.